>> Après Bob Dylan, Ian MacKaye et Depeche Mode, Playlist Society entame une nouvelle série avec Hüsker Dü et son leader Bob Mould.
Ce morceau a un solo de guitare et des gens qui tapent des mains en rythme. Au moment où j’ai découvert Hüsker Dü, j’écoutais beaucoup de morceaux avec des solos de guitare et des gens qui tapent dans leurs mains. « Turn on the News », placé à la toute fin de Zen Arcade, le meilleur album du groupe – j’aime dire des trucs définitifs sans valeur – a eu l’effet d’un bon digestif avalé cul-sec après le repas le plus copieux de votre vie.
Certains, alors plus au fait que moi de la discographie de Mould & co, ont du être surpris par ce morceau et la versatilité stylistique déployée sur ce disque. Pour ma part, ne connaissant pas le groupe, je n’ai pu qu’apprécier et rester ébahie. Mould, Hart et Norton savent tout faire, et, sur cet album, ils essayent un nombre incroyable de choses. A chaque titre, je me demande s’ils creusent une nouvelle voie ou s’ils arpentent un chemin déjà emprunté par le passé. Ce morceau de rock’n'roll bien mastoc, traduit-t-il une prise de risque ou ne serait-il pas qu’un simple reliquat de leurs premières amours ? Hé, si ça se trouve ils avaient déjà très bien pu sortir un album de reprises de Jerry Lee Lewis juste avant (le piano sur « What’s Going On » m’avait déjà fait penser à JLL) ! Qu’est-ce que j’en sais moi… J’ai 15 ans et je ne connais rien à rien !
Bob Mould se la joue guitar hero, laissant à Grant Hart le boulot de gueulard de service. Après quelques secondes d’extraits de journaux télés, illustrant le thème de la chanson – la tendance des médias à exploiter toutes les horreurs du monde pour se faire du blé – le groupe démarre en trombe sans le moindre avertissement et, dans la plus grande tradition des morceaux anthémiques qui me rendent dangereusement tachycardique, ne baissent pas d’un poil d’intensité jusqu’à la fin.
C’est peu de dire que les paroles ne sont pas du Bob Dylan et que le solo de guitare est plutôt conventionnel dans le genre. En rétrospective, ce n’est pas le morceau d’Hüsker Dü qui ait le mieux vieilli. Ce n’est pas non plus un de ces morceaux qui, comme on a coutume de le dire, ait grandement influencé le rock alternatif produit durant les dix années qui suivirent la sortie de Zen Arcade.
Mais bon sang de bonsoir, nom de diou et autres crottes de bique, quel pied. Il faut peut-être vous rappeler que j’ai connu cet album 20 ans après sa sortie, à un moment de ma vie où j’écoutais abondamment Guns’n'Roses, Led Zeppelin, James Brown, Skyrock et ContactFM. Autrement dit, j’écoutais tout ce qui passait à ma portée. Je n’étais pas non plus fan du format album, alors un double-album à concept, vous imaginez bien… Dommage, car je suis un peu passée à côté du concept, l’histoire d’un ado qui se barre de son domicile familial, pour découvrir un monde encore pire que ce qu’il vit chez lui. Ça m’aurait sans doute parlé, même si j’étais loin d’être une rebelle. Je n’ai donc fait que picorer dans ces 23 morceaux, pour remplir mes compilations CD personnelles. « Turn on the News » côtoyait donc les « Freebird », « Stairway to Heaven », « Civil War » et autres « Green Grass and High Tides » (j’ai un faible pour les solos de guitare).
Hüsker Dü a acquis plus tard dans mon esprit cette auréole de groupe culte, cette influence majeure de blablabla, mais ils étaient avant tout de géniaux faiseurs de bruit capables de tout faire, des gems rock’n'roll à la « Turn on the News », aux balafres hardcore qui m’impressionnaient, et m’impressionnent toujours au plus haut point.
Des années après, la tachycardie pointe toujours son nez à l’écoute de ce morceau. Aucune nostalgie, aucun flashback, la musique me fait tout simplement le même effet.
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L’intégralité de la série Bob Mould :
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